Beaucoup
de questions avant le grand plongeon
Finalement, que savais-je du
Brésil avant notre arrivée ? Rien, ou si peu. Quelques chansons de Caetano
Veloso et de Seu Jorge, des romans de Jorge Amado, des souvenirs d’un voyage à
Rio…
Une fois la décision de notre
départ confirmée, mille questions commencèrent à se poser, certaines plus
prosaïques ( grande amatrice de vin, ma préoccupation était de savoir s’il
était possible d’en trouver facilement, et j'ai été vite rassurée sur ce
point ! )
D’autres, plus profondes, se
résumaient finalement à celle-ci :
Comment se préparer à la
réalité d’un pays appelé à devenir notre terre d’adoption pendant quelques
années ?
La tâche me paraissait ardue
quand j'imaginais devoir répondre à un
Brésilien s’interrogeant sur la France et les Français : Comment
expliquer, sans tomber dans les clichés, ce qu'est le Français type -en
supposant qu’il existe !
Quel est le mode de
raisonnement et de communication qu’il privilégie, quel type de manager
est-il au sein d'une entreprise… ?
Vaste chantier en effet mais
tout a un commencement, et pour moi cet apprentissage a débuté lors des cours
de portugais du Brésil.
La langue : un premier
pas entre les cultures
De façon classique, le
‘package’ d’accompagnement de la société de mon mari dans le cadre d’une
mobilité internationale prévoyait deux volets : des cours de langue et une
formation en management interculturel.
Tant pour mon mari que pour
moi, il n’était pas envisageable d’arriver sur place sans maîtriser la langue un minimum.
Au cours des premiers mois,
dans le parcours du combattant que constitue une installation au Brésil, un
grand réconfort a été de sentir que nous étions capables de communiquer et de
nous faire comprendre.
Je suis tombée sous le charme
du Brésil et de ses habitants en apprenant leur langue. Dans sa consonance,
dans la diversité des ses racines, la langue brésilienne raconte son histoire, le
métissage de sa population, et révèle beaucoup sur sa société et ses modes de
communication. Le tutoiement et l’usage du prénom sont à ce titre très
frappants, surtout pour nous, Européens et Français, habitués à beaucoup plus
de formalisme et tout simplement beaucoup plus coincés.
S'intégrer dans un nouvel
environnement, cela se travaille...
La formation interculturelle
constituait le second volet de l’accompagnement. Bien qu’elle puisse paraître
incontournable pour préparer et faciliter l’expatriation, le recours à ce type
de formation n’est pas encore un réflexe dans les entreprises. Être capable
d’identifier les différences culturelles, de comprendre l’origine de ces
différences et les valeurs sur lesquelles elles reposent, est cependant un
facteur clé dans le succès ou l’échec d’une mobilité internationale.
Conduite par une spécialiste
de la psychologie culturelle et reposant essentiellement sur l’analyse et la
discussion autour de cas concrets, cette formation nous a apporté
beaucoup, et continue dans le temps à nous servir de référence. D’abord,
un éclairage nouveau ou complémentaire nous permettant de comprendre et
d’interpréter les différences que nous avions pu observer, et d’en tirer nos
premières conclusions.
Par exemple, le fameux
« oui » qui ne signifie pas forcément « non » mais
« sans doute », voire « peut-être éventuellement »...
De façon très pragmatique,
connaître les faux pas à éviter, ce qu’il est raisonnable
d’attendre et ce qu’il ne sert à rien d’espérer. Plus profondément,
une meilleure compréhension des valeurs et de la culture des Brésiliens, de
leur conception de la hiérarchie et de l’autorité, de la dimension qu’ils
accordent au temps, du poids de leur histoire.
Mais sans doute et surtout
certaines vérités universelles, valables pour tous, expatriés ou locaux. L’une
d’elle me reste toujours en tête, quel que soit le contexte:
« Traite les
autres comme ils veulent être traités » et non pas pas comme je voudrais
l’être, ce que j’avais tendance à penser instinctivement. Dans mon métier des
Ressources Humaines, elle me paraît encore plus fondamentale.
Comprendre, s’adapter,
s’intégrer dans une nouvelle culture requiert beaucoup : l’envie d’abord,
puis l’ouverture d’esprit, l’écoute, et
l’humilité.
Comme Marcel Proust
l’a dit, le veritable voyage de
découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de
nouveaux yeux.
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